mardi 11 juin 2019

L'enfant virtuel

En guise d'ouverture, un texte de 2010. 

" J’ai été instit’, puis prof’ des écoles, de 1973 à 2010. J’ai enseigné à plus d’un millier d’enfants. J’ai connu leurs parents, des écoles en ville et des écoles de campagne, une dizaine d’inspecteurs et davantage de ministres. J’ai vécu d’innombrables réformes, plusieurs plans de lutte contre l’illettrisme, toutes les évolutions du métier, mais lorsque je fais le bilan, je suis triste : le résultat de tout ça est une désolation ; « l’école de la République », avec ses beaux principes, est partie à vau-l’eau. Ce qu’il en reste n’est qu’une affligeante farce car désormais, chers parents, usagers du service public d’éducation, vous ne pourrez vraiment plus compter que sur vous-même pour faire réussir vos enfants. Quant à vous, mes chers collègues, vous pourrez vous mettre sur la tête, réclamer de nouveaux moyens, remédier à tours de bras, vous ne sauverez pas un seul de vos élèves. Non, je ne plaisante pas. Depuis quarante ans, sous prétexte d’éradiquer l’échec scolaire, on a fait exactement ce qu’il fallait pour que la situation empire. Si vous avez la patience de me lire, je me targue de vous en convaincre.

Une tempête a soufflé sur la société française, l’échelle des valeurs en a été chamboulée. Et nous, enseignants et parents, au lieu de rester fidèles au cap, de tenir bon le gouvernail de notre charge, au lieu de conserver bien en mire le souci de faire de nos enfants des adultes instruits, cultivés, rigoureux, responsables, indépendants, respectueux, d’une haute moralité, bref éduqués, nous avons fait relâche et pris l’air du temps - du bon temps. Des experts, pédagogues, psychologues, pédiatres, poussés en avant parce que chantres de l’évolution libérale de la société, idolâtres du progrès, de la modernité à tout prix, nous ont tout à coup servi un tas de beaux discours, tour à tour culpabilisants et rassurants, destinés à justifier a posteriori la dégradation des conditions de vie et de développement des enfants.

Ces pontes de la recherche pédagogique prétendaient que les méthodes d’éducation de nos aïeux n’avaient fait que des ravages, que l’enfant avait changé, qu’il était grand temps de nous adapter au siècle et à cette nouvelle humanité, qu’il n’y avait qu’à les suivre, eux qui savaient si bien comment s’y prendre. Ils expliquaient que les parents accaparés par la nécessité de travailler ne devaient pas se culpabiliser de n’être pas présents, que la qualité de la relation avec les enfants remplaçait avantageusement la quantité, qu’il n’était pas forcément mauvais, et sans doute même profitable du point de vue éducatif, que les petits reçussent leur dose quotidienne de télé, qu’il fallait que l’adulte s’abaissât au niveau de l’enfant, quitte à parler le langage de la rue, à l’école aussi, que ce n’était pas très grave si on ne savait pas calculer puisqu’il y avait des calculettes, qu’il était inutile de bien écrire puisque la calligraphie est la science des ânes, que maîtriser l’orthographe était secondaire puisque n’importe quel traitement de texte comprenait désormais un correcteur... Il fallait tout revoir !

Et le piège de la bonne conscience, pourtant gros comme une maison, s’est refermé sur nos inquiétudes et nos scrupules. C’est en effet avec bonne conscience que l’enfant d’aujourd’hui, comme beaucoup de mes derniers élèves, est levé à six heures du matin pour être à sept heures déposé à l’accueil périscolaire, parce que ses parents doivent foncer à leur travail, qui est à au moins une heure trente de trajet avec les embouteillages. C’est ainsi que l’enfant patiente encore une heure trente avant de faire son temps d’école entrecoupé par le passage à la cantine, puis retourne au périscolaire jusqu’à dix-huit heures trente, si les parents ne sont pas encore dans les embouteillages. C’est comme ça que cet enfant nomade ne pose finalement son sac que vers sept heures du soir. Un peu de télé tandis qu'on lui prépare à manger - un plat de lasagnes surgelés passés au four à micro-ondes -, un peu de télé pendant le repas, un peu de télé après le repas, histoire de passer un moment de détente en famille; vite la toilette et au dodo, vers vingt-et-une heures, si tout va bien. Le mercredi, centre de loisirs, toute la journée ; le samedi, courir les supermarchés ; le dimanche, repos, grasse matinée, farniente – trop crevés des courreries de la semaine.

Il n’est souvent pas facile de vivre avec un seul salaire. Alors nous dirons qu’ils ont bien de la chance, ces enfants dont l’un des parents peut rester à la maison pour s’occuper de leur éducation.

Chez nous en France, et en Europe, avant, c’était… différent.
Différent ? Et avant quoi ? Disons avant l’intrusion de la télé dans les foyers, avant mai 68, avant l’invasion du numérique. Avant donc, il y avait l'enfant des villes, qui battait le trottoir, et l'enfant des champs, qui pataugeait dans les mares - des univers bien différents mais habités de gens véritables et dédiés à l’exercice de leurs sens, de leurs muscles, de leur intelligence et de leur imagination. Tous deux sont désormais des espèces disparues, disparues à jamais, remplacées par une seule qui est l’espèce d’enfant qui passe sa vie assis, face à un écran, le casque sur les oreilles, coupé de son milieu, qu’on pourrait appeler l'enfant d’un monde virtuel, car il est dans la télé, dans la vidéo, dans l’ordinateur, dans le téléphone portable, dans l'Internet, dans la virtualité, réputée plus vraie que la réalité.

L'enfant des villes habitait un lieu qu'il appelait son quartier, dont il fréquentait l'école. Le quartier faisait autour de lui comme un village où tout le monde, ou presque, se connaissait, avec ses petits commerçants, ses petits artisans aux échoppes ouvertes sur le trottoir. Les adultes s’y rencontraient et les enfants aussi, qui retrouvaient dans la rue leurs camarades et les jeux de la bande, essayant d’échapper à la vigilance des parents et des voisins. Ils allaient au cinéma le jeudi, à la campagne parfois le dimanche, et passaient peut-être leurs vacances en colonie, à la mer ou à la montagne, avec d'autres enfants.

L'enfant des champs habitait le village où tout le monde se connaissait, avec ses petits commerçants, ses petits artisans, avec le maire, le maître d'école, le curé et le garde-champêtre dont il pouvait croiser le chemin à tout moment de la journée. L’enfant apprenait de la communauté toutes les leçons de la vie, nécessaires à la vie, de la naissance à la mort. Les jeudis, les dimanches, pendant les vacances, toute l'année, il passait le plus clair de son temps avec les copains, les copines.

L'enfant des villes et celui des campagnes, garçons ou filles, avaient en commun de partager les choses de la vie avec leurs semblables, concrètement, charnellement, dans la liberté d’un espace, le quartier, le ban communal, à explorer, à conquérir, à construire, sous la surveillance et avec l’assentiment des adultes. Ils n'étaient jamais seuls. La nécessité, sans doute, les associait par le travail à la vie de la famille, mais leurs jeunes vies ne s’en déroulaient pas moins comme une aventure : ils maniaient le couteau, le briquet, construisaient des cabanes, cuisaient leur frichti, s’entraidaient, se complétaient, se colletaient et réglaient leurs différends avec honneur, selon les codes d’une société enfantine qui se transmettaient, de génération en génération, des plus âgés aux plus jeunes. Tout cela était parfaitement sensoriel et soumis à l’ardeur des rapports affectifs directs ; tout cela était réel et vrai.

Ô temps bénis ! dirais-je sans la moindre hésitation. Vous souriez peut-être, pensant - à juste titre d’ailleurs - que notre propre enfance, libre des soucis de l’âge adulte, nous rend toujours nostalgiques et que le temps jadis, tel un paradis perdu, nous semble toujours meilleur. Mais après avoir pendant près de quarante ans travaillé et vécu avec des enfants, je crois savoir dissocier la nostalgie du simple constat. Et je constate que l'enfance, auparavant soumise au dressage qui devait préparer les bons adultes, n’aura connu l’âge d’or qui fut celui de l’émancipation que pour retomber dans une autre sorte d’aliénation, celle du plaisir immédiat, du désir tout puissant, qui la laisse en suspension dans l'égocentrisme, sans guide pour appréhender la vie. Et il me semble que toute la sollicitude que nous avons aujourd’hui pour les enfants ne fait que les maintenir plus profondément et plus longtemps dans cet état irréel.

L’enfant d’aujourd’hui, en effet, apprend la vie dans le cocon d'une famille réduite à sa plus simple expression – papa et maman, voire seulement l’un des deux -, auquel s’ajoutent d’autres cocons, les structures gérées par des professionnels de l’enfance, crèches, garderies, associations diverses et variées, et puis l'école, bien sûr. Dans cet environnement balisé où la coopération et la confrontation avec l’autre enfant, son égal, sont éludées ou organisées, il lui est permis, et parfois demandé, d’exercer très tôt des compétences d’adulte, il lui est demandé de comprendre et par conséquent d’être responsable. A bien des égards traité comme un adulte, il se considère l’égal des adultes. On ne s’étonnera donc pas qu’il ait du mal à renoncer à ce confort, à cette sécurité, à cette puissance, et qu’il ne le fasse que le plus tard possible, et parfois au-delà du raisonnable, vers trente ou quarante ans.

Mais cela ne fonctionne que dans la mesure où l’entourage l’accepte et présente quelques sérieux inconvénients.

Tandis que se multipliaient déclarations solennelles des droits de l’enfant, législations et structures en faveur de la protection de l’enfance, l’enfant lui-même s’est vu de plus en plus cerné, contrôlé, formaté, par et pour notre société dite de consommation, et paradoxalement privé de ses plus belles libertés, celles d’aller et venir à sa guise, de prendre des risques, de s’ennuyer, de s’inventer, de se révolter. Toujours entre quatre murs, à l’abri du dehors et de ses dangers, souvent sans fratrie, ne voyant plus guère ses parents, chacun de son côté obligé de courir les routes pour travailler ou pourvoir au ravitaillement du foyer, cet enfant solitaire est sous la surveillance constante d’adultes, puéricultrices, nourrices, enseignants, animateurs, qui organisent pour lui son espace et son temps.

Il s'enferme enfin dans un ultime cocon, plus douillet encore que le cercle de famille, dans lequel rien de fâcheux ne peut lui arriver et qui pourtant a les apparences du monde, c’est celui que forme l’enfant avec lui-même quand il se place sous influence par la grâce des ondes ou du cordon à débit de plus en plus haut qui le relient à la télé, à l’ordinateur, au téléphone portable, objets qui l’accaparent désormais partout et ne s’éteignent jamais.

Les adultes savent sans doute faire la part des choses, séparer le futile de l’utile, l’important de l’anecdotique, le vrai du faux, le bon du mauvais. L’enfant, lui, ne sait rien, il ne juge qu’à l’aune de ses plaisirs et de ses contrariétés. Telle une éponge, il ingurgite benoîtement ce qui lui est proposé, l’intègre et se coule ainsi peu à peu dans le moule de la  pensée mercantile triomphante. Et il n’y pas beaucoup d’adultes pour le mettre en garde, par manque de temps, de moins en moins même, parce qu'eux aussi sont désormais sous influence.

Ainsi l’enfant ne peut-il pas savoir, pas même imaginer, ce que l’enfance a perdu. Par la fenêtre de la garderie, attendant que ses parents viennent le reprendre, il peut bien regarder le paysage, la ville ou le village, puis par la fenêtre de la voiture voir défiler la nature, les prés, les bois, mais il ne sait rien de ce qui se passe là-dehors, rien du parfum des fleurs, ni du chant des oiseaux, ni de la caresse du vent, rien non plus des autres enfants, solitaires comme lui, qui contemplent, derrière d’autres fenêtres, un monde désertifié.
L’espace public n’est plus qu’un lieu de circulation, de passage, où nos trajectoires ne se croisent plus comme autrefois - bonjour, pardon, je vous en prie, vous n'auriez pas..., comment aller à... -, quand on vivait au dehors autant que chez soi, qu’on se parlait au travail, au jardin, sur la place, chez le boucher, au café, au bal du samedi soir, que les enfants aussi avaient des lieux où se retrouver tous ensemble.

Toute la relation humaine, ou presque, se cantonne à présent dans le huis clos des logis, ou bien à distance, par le canal du téléphone et de l’e-mail, dans le tête à tête avec la machine. Sinon pourquoi cette invention de la fête des voisins ? Avant, ça ne serait venu à l’idée de personne. Ainsi le monde des enfants d’aujourd’hui est bel et bien un monde virtuel, une copie désincarnée du réel, dans laquelle s’agitent, à une vitesse fulgurante, des êtres sans chair, intouchables et froids, et qui ne peuvent eux-mêmes les toucher. A vivre, nos enfants préfèrent le rêve sur un quelconque jeu de console. Au lieu de grandir avec un petit chien, ils élèvent un tamagotchi, un rien qui loge dans une puce. A la rencontre sur un terrain de sport, ils suppléent par un match contre la « wii ». Et alors qu’ils pourraient librement parcourir les sentiers près de chez eux, il leur faut plutôt l’aventure programmée des parcs d’attractions, ou bien, passifs, survoler du monde ce que l’oeil d'une caméra veut bien leur montrer.

Tout de même, Internet leur ouvre grand les « autoroutes du savoir » ! Il a suffi qu’un ministre de l’Education Nationale lance cette formule et voilà justifiée l’addiction à l’information en continu, pléthorique et instantanée. Comme l'on se sent heureux de constater qu'on trouve tout sur Internet, et en temps réel ! Là aussi, la formule doit frapper l’imagination : vous êtes censés rester cois de stupéfaction admirative. Mais de quel savoir parle-t-on ? Qui fait pour les enfants, et pour nous, le tri dans cet océan de futilités, de faits divers, de blagues, de canulars, de sollicitations commerciales, de séductions éhontées, de malveillances ? Alors on picore ce qu’on trouve, au petit bonheur, et on finit par s’abandonner à la facilité du clic, tout étourdi de nouveautés choisies spécialement pour nous par Google.

Internet ouvre aussi les autoroutes de la communication, toujours d’un clic, avec des abréviations et des icônes pour remplacer l’expression des sentiments. Que c’est facile, que c’est beau ! Dire que nous, adultes, nous extasions souvent sur la dextérité des enfants à manipuler tous ces petits bidules branchés. Sans voir qu’il s’agit d’une communication tronquée, partiale, cachottière, trompeuse, et finalement anonyme. Sans voir que, dans ce monde virtuel, la publicité omniprésente transforme l’enfant d’abord en une cible consciencieusement mitraillée, avant d'en faire sa marchandise.

Ainsi la pub lui dit ce qu’il doit boire et manger, ce qu’il doit voir et écouter, ce qu’il doit posséder, ce qu’il doit penser. C’est inévitable, c’est le progrès ! Comme chacun sait, le progrès ne s’arrête jamais. J’entendais déjà quelques hurluberlus médiatisés se réjouir comme d’un bienfait que bientôt soit supprimé l’enseignant au profit de l’enseignement à distance - et ce sera interactif, hein ! Alors, ce sera formidable ! Comme si le maître d’école ne l’était pas, interactif.

Placé au centre de cette immense toile, l’enfant n’a pas le rôle de l’araignée. Il est la mouche, le prisonnier. Bientôt l'état d’enfance lui-même passera dans la virtualité. Déjà l’on devine, à certains discours de publicitaires, de pédagogues, de psychologues, que le temps de l’enfance innocente, naïve, désintéressée, décalée, qui pense encore le monde autrement, qui s’amuse et s’instruit d’un rien et sans frais, qui se construit si lentement, est en fait un temps perdu dans une société d’économie libérale.

Les enfants sont ainsi encouragés très tôt à imiter les comportements sociaux et sexués des adultes, et en premier lieu ceux qui exigent qu’on achète quelque chose. A peine ils tiennent debout, les bambins trouvent au supermarché le petit chariot qu’ils pourront remplir au rythme de leurs envies ; les petites filles déjà angoissées par les ravages du temps se tartinent de crème anti-ride et les petits garçons, tatouage et piercing, enseignent à leur papa comment choisir son automobile. Encouragés à prendre le pouvoir, et tout soumis qu’ils sont à la fascination de la publicité, du must, du buzz, du cool, de l’indispensable nouveauté, ils deviendront vite des enfants rois qui imposeront leur frénésie de consommation à leur entourage, et avec sa complicité encore.
  
« Vous ne trouvez pas qu'ils sont plus éveillés que nous au même âge ? » Me disait récemment une dame, tout attendrie et « bluffée » par le génie de sa progéniture.
« Non, madame, je crois au contraire qu’ils pourraient bien l’être moins. Tout dépend de ce à quoi vous voudriez  les éveiller. »
Sans doute les enfants de nos jours savent utiliser toutes sortes de machines, d’une manière « intuitive » et efficace, sans se poser de questions, quand nous-mêmes perdons du temps à lire la notice (quand elle existe) et nous escrimons à essayer de comprendre ce qui ne nous est pas expliqué. Faut-il s’en féliciter ? La question, me semble-t-il, n’était pas évidente, mais puisque la voilà posée, il y faut bien une réponse.

Cette différence de comportement me paraît découler d’une différence fondamentale des modes de penser. Pour un nombre croissant d’enfants et d’adultes, rien ne doit être difficile, toute simplification d’une tâche est un progrès. Ainsi la lecture ne leur servirait plus à grand’ chose puisque, par exemple, le texte explicatif sur les aliments et les biens de consommation courante est maintenant remplacé par des couleurs, des pictogrammes, des logos et de petites bandes dessinées. Signe évident d’un appauvrissement culturel. De manière générale, l'enfant qui est dans le virtuel estime devoir être en mesure de savoir sans avoir besoin d’apprendre. Tout en un coup d’œil, comme en un seul clic.

Se développe parallèlement, spécialement pour la jeunesse, une culture époustouflante de bassesse et de bêtise : Télétubbies, Lapins Crétins, slime morveux, championnat de game-boy, tout sur ta rock star préférée, la télé-réalité qui ne donne à voir que des sentiments scénarisés, du virtuel, du vent. Ainsi se fabriquent des générations de jouisseurs impatients, paresseux, vains, dénués de curiosité, ignorants et fiers de l’être. Notre « environnement » nous conditionne, tels des rats de laboratoire, à suivre et sans cesse recommencer un parcours immuable au bout duquel, après avoir abondamment salivé, nous recevons la suprême gratification d'un nouvel objet, encore plus facile à utiliser, présenté comme une prouesse technologique, 100% ludique, fait pour nous épargner l'effort.

Cherche-t-on à savoir si un autre parcours est possible, s’il existe une autre manière de jouir de la vie ? Imagine-t-on que la difficulté même du parcours pourrait être consubstantielle au bonheur ?

« Oui, madame, les enfants d’aujourd’hui sont plus éveillés, si vous considérez le fait qu’ils ont plus tôt que nous, et souvent en dehors de tout contrôle, connaissance des vicissitudes de la société des adultes, amoralité, violence et pornographie comprises. » Les bandes des « quartiers » s’affrontent à la machette, le CM2 rackette le CP, le viol collectif relève de la sexualité normale, l’avortement des fillettes est toujours d’actualité, le premier pétard se fume avant la puberté, les profs de collège se font insulter… What else ?

Sans doute les enfants voteront-ils bientôt à seize ans, et peut-être même à quinze, assurés que sont nos maîtres, les seigneurs du capital et les politiciens qui les servent, que ces enfants-là auront été non éduqués, privés des outils qui leur permettraient de comprendre le monde, et convenablement formatés afin de perpétuer le statu quo social, dans l’illusion des facilités infinies.



Je sais que vous ne vous reconnaissez pas dans ce portrait, ni comme parent, ni comme enfant. Vous pensez en outre qu’il s’agit d’une caricature. C’en serait une, en effet, si de tels enfants n’existaient pas. Mais je les ai rencontrés, de plus en plus nombreux, au cours des vingt dernières années, en vertu de quoi je me risque à généraliser, à y voir un fait de société. 

Dans votre cas, bien sûr, il faut nuancer."

(à suivre)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire