Alors
que, dans certains pays, certains enfants n’ont pas d’autre avenir que de
travailler dès l’âge de quatre ou cinq ans, à fabriquer ou vendre des objets
pour touristes ou destinés à l’exportation, afin de contribuer à la survie de leur
famille, l’enfant de chez nous se voit d'abord dans l’obligation d’accepter de recevoir
une certaine dose d’instruction, ce qui en soi constitue un travail, puis
pressé de faire des études afin de pouvoir prétendre à gagner convenablement sa
vie à l’âge adulte.
Réussir
sa scolarité est ainsi l’enjeu majeur de notre jeunesse, et par voie de
conséquence une source importante de souci, parfois d’anxiété, pour les parents.
Nous
venons de voir que pas une réforme, depuis cinquante ans, n’a atteint son but
parce qu’elles n’ont pas agi sur les causes profondes de la difficulté et de
l’échec scolaires. La plupart ont même aggravé la situation tout
en précipitant la destruction du service de l’instruction publique. Pour
exemples :
- la « lecture globale » et les « maths modernes »,
mal compris mais imposés, qui avant de disparaître ont fait des ravages chez
plusieurs générations d’élèves ;
- la suppression du samedi matin qui a
amputé le temps d’enseignement hebdomadaire de trois heures, réduisant mathématiquement le
temps consacré à chaque élève ;
- l’ajout d’enseignements nouveaux tels que
l’utilisation de l’ordinateur, la sensibilisation aux dangers domestiques et
routiers, à la propreté, à l’écologie, à une culture et une langue étrangère,
qui ont rogné sur le temps consacré aux matières fondamentales (parler,
lire, écrire, compter, raisonner) ;
- l’exigence des 80% d’une tranche d’âge
devant obtenir le baccalauréat qui a entraîné la baisse générale du niveau des savoirs
et des compétences…
Dans
une société différente de la nôtre, l’école serait peut-être plus juste et peut-être
n’y aurait-il même pas d’école du tout. Mais encore une fois, puisqu’il faut
faire avec, nos enfants méritent que nous fassions l’effort de leur donner les
meilleures chances de réussite et de bonheur dans la vie.
Nous
nous intéresserons ici uniquement à l’école primaire en tant que lieu
d’acquisition des attitudes, savoirs et savoir-faire fondamentaux. Voici quels seraient les principes et règles de fonctionnement qui pourrait faire réussir tous les élèves en agissant, avec l’aide de leur famille, sur leurs représentations et leur
relation aux autres et à l’école.
è Les parents sont
responsables de l’éducation de l’enfant, de même que de leurs premiers
apprentissages.
Ils
sont par conséquent les premiers responsables du bon déroulement de la
scolarité de leur enfant, en attendant que celui-ci se révèle autonome,
c’est-à-dire apte et prêt à assumer lui-même cette responsabilité.
Les
parents doivent impérativement accepter l'idée qu'ils sont les premiers concernés lorsqu'il
s'agit de remédier à d’éventuelles difficultés de leur enfant à l'école.
En d'autres termes, ils doivent accepter de remettre en question leurs propres représentations et certaines manières de faire avec leur enfant. C'est, dans cette démarche, la plus grandes difficulté, qu'il serait néanmoins possible d'éviter en instituant par exemple une école des parents.
è Les enseignants, en
tant que fonctionnaires du service public, sont responsables de la qualité de
leur enseignement, ainsi que du lien qu’ils établissent avec les usagers,
élèves et familles.
Les
enseignants doivent savoir qu'ils comptent pour peu dans la réussite de leurs élèves
mais que la qualité de leur enseignement et de leur relation
avec leurs élèves et leurs familles peuvent influer favorablement aussi bien que défavorablement
sur cette réussite.
Cela signifie qu'ils ont une obligation de moyens, en matière de pédagogie, de formation professionnelle et de coopération avec les autres acteurs de l'école.
è La responsabilité de chacun doit
être expressément reconnue par tous.
Cela se fait par une information
préalable des familles, en début d’année scolaire.
è Aux enseignants revient
l’initiative et la charge d’organiser la relation entre l’école et les familles.
Ils
doivent aller individuellement à la rencontre de chaque famille. Tous les
parents, sans exception, seront reçus au moins une fois, en tout début d’année
scolaire, par les enseignants.
Lorsqu’il
s’agit de remédier à une difficulté, il est possible que tous les membres d’une
famille soient concernés, l’enfant, le papa, la maman, le grand frère, la
mamie, et d'autres personnes encore, de même que sont institutionnellement concernés tous les acteurs de l'école, c’est-à-dire
« l’équipe pédagogique » constituée du maître, du directeur, des collègues,
de l’aide-maternelle, de l’éventuelle Aide de Vie Scolaire, du psychologue
scolaire, des enseignants spécialisés du RASED...
è Enseignants et parents ont le
devoir de dialoguer en permanence et de façon sincère.
Les enseignants sont tenus de
rendre régulièrement des comptes aux parents, quant à la scolarité de leur enfant.
La moindre souffrance, la moindre
difficulté, de l’élève, de sa famille ou de l’enseignant, doivent être
avouées, exprimées, entendues.
è Les enseignants apportent aux élèves et aux familles une information et une aide expertes.
Ils doivent pour cela se former et
coopérer entre eux.
L’enseignant d’une classe doit parfois
se faire accompagner d’un collègue lorsqu’il rencontre les parents d’un élève.
è Les enseignants s'adressent aux familles avec humilité et empathie.
Tout jugement de valeur ou moral
des personnes doit être prohibé. Toute possibilité même de suspicion de jugement doit
être évitée.
Il s'agit de s'en tenir
strictement aux faits, à leurs causes et à leurs conséquences, sans jamais
omettre de les relier à l’objectif qui est la réussite scolaire de l’enfant.
è Le devoir de réserve auquel sont tenus les enseignants ne souffre aucune dérogation.
Le partage des informations
concernant un élève ne peut se faire qu’avec les membres de l’équipe
pédagogique.
è La famille de l’élève accorde aux enseignants et personnels de l’école une confiance totale.
Cette confiance, qui doit être
réciproque, est la condition préalable à une scolarisation heureuse et réussie
de l’enfant.
L'enseignement dispensé à l’école n'est en effet que peine perdue s'il n'a pas l'assentiment des parents.
è En cas de difficulté scolaire, une procédure est mise en place :
- L'enseignant informe en même temps les deux parents de la difficulté, lors d’une rencontre en présence de l’enfant. A la fin de cette première partie d'entretien, la difficulté doit être reconnue par les parents et par l'enfant.
- La recherche des causes de la difficulté se fait ensuite, d’abord avec les parents seuls, puis avec
l’enfant ; l’enseignant guide les entretiens mais il est important que les
membres de la famille formulent d’eux-mêmes les raisons qu'ils voient à cette difficulté.
- Les solutions sont recherchées avec
l’élève et les parents ; elles doivent impliquer la famille ; à
l’issue de la rencontre, chacun repart avec une action à réaliser et un objectif à atteindre dans un délai
donné.
- Aucune action ne sera entreprise
sans l'accord des parents.
- La voix des parents reste toujours
prépondérante, leurs choix doivent être respectés, car il est essentiel qu’ils
conservent en toute circonstance la responsabilité de la réussite de leur
enfant.
- Le bilan des actions est fait
régulièrement avec l’élève et ses parents ; d’autres actions peuvent alors
être mises en œuvre.
- Il sera parfois nécessaire de faire appel au psychologue scolaire qui sera mieux à même de conduire les entretiens vers les bonnes solutions. Mais le psychologue, seul sur une circonscription, ne peut pas être partout à la fois ; c'est pourquoi il serait important que les enseignants aient une formation de psychologie générale. En ce qui me concerne, c'est un psychologue scolaire du RASED (qui se reconnaîtra) qui a joué ce rôle de formateur.
Il nous faudra bien sûr encore parler de
la manière de mener ces réunions qui peuvent se révéler délicates lorsque le
fossé entre l’école et l’univers familial se révèle trop grand, mais pour l’heure,
intéressons-nous à un cas d’école :
la détresse du petit Albert.
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